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Augustale : une monnaie italienne
Connaissez-vous l’Augustale ? Ce sont des monnaies d’or très recherchées dans le monde numismatique qui font partie des pièces les plus connues du Moyen-âge. Frappées en Italie, à partir de 1231, elles s’inspirent largement des monnaies antiques ; une manière pour Frédéric II, leur créateur, de s’inscrire dans la lignée des empereurs romains.
Frédéric II, un peu d’histoire
Frédéric II sut en quelques années restaurer la splendeur d’un immense empire, et « fut peut-être l’ultime incarnation en Occident d’un pouvoir impérial sans limites et sans frontières ».1
Né en 1194 et décédé en 1250, Frédéric de Hohenstaufen était le fils d’Henri VI et de Constance de Hauteville. Il est élu roi de Sicile et des Romains en 1196, l’année même où il devient orphelin et est confié à la tutelle du pape Innocent III. Il se fait couronner empereur des Romains en 1220 et réunit ainsi la Sicile à l’Empire germanique.
Durant l’entièreté de son règne, il cherche à imposer son pouvoir dans toute l’Italie et au-delà ; c’est ainsi qu’il entre en conflit avec la papauté. Il sera d’ailleurs excommunié deux fois au cours de son règne par le pape Grégoire IX.
Il mène à bien la sixième croisade de façon pacifique et reconquiert les lieux saints de la chrétienté. À son retour de Jérusalem, en 1231, il réorganise le royaume en modifiant la législation et son administration. L’ensemble de ces lois est regroupé dans un recueil intitulé le Liber augustalis (autrement appelé Constitutions de Melfi). Il y dévoile sa conception d’une monarchie absolue.
La même année, dans le cadre de cette importante réforme, il fait frapper une nouvelle monnaie en or, dans les ateliers de Messine et de Brindisi : l’augustale.
L’Augustale, une monnaie italienne
Une influence antique
Pourquoi Frédéric II a-t-il choisi le nom d’Augustale ?
Daniel Bornemann, nous rappelle dans un article de la Revue de la BNU que le nom Auguste a plusieurs sens. Un auguste inspire de la vénération, mais obtient également la faveur des dieux. Le premier empereur romain s’appelait également Auguste. En se nommant comme tel, Frédéric II renforçait sa légitimité à gouverner et s’inscrivait dans la lignée des empereurs de l’Antiquité. D’ailleurs, au même moment, le roi Philippe de France se faisait également appeler Auguste.
Les augustales s’inspirent donc logiquement des monnaies antiques. Sur l’avers, le buste de l’empereur est vêtu du manteau impérial avec une couronne de laurier sur la tête. Il est habillé à l’antique, à l’instar des empereurs romains. On peut également lire « IMP. ROM. CÆSAR AUG ». Sur le revers, l’aigle impérial aux ailes déployées est accompagné de l’inscription Fridericus.
Une monnaie exceptionnelle
Pour Daniel Bornemann, l’augustale est exceptionnelle pour plusieurs raisons.
Esthétiquement, elle est l’une des monnaies les plus achevées du Moyen-âge. La facture des pièces contemporaines du début du XIIIe siècle est loin d’être aussi aboutie. Sur les augustales, le portrait de l’empereur Frédéric II possède des traits animés et l’aigle est également représenté de manière vivante.
On retrouvait déjà cet aigle au naturel sur les monnaies des Ptolémées d’Égypte au IIIe siècle avant J.-C., à la différence qu’il ne tient plus, ici, les foudres de Zeus entre ses griffes. L’aigle de l’augustale est représenté de façon animée et donne l’impression de se retourner en plein vol.
Autre fait d’exception : l’augustale est la première pièce d’or frappée en Occident (avec les « Tari » sicilien), car jusque-là, les ateliers occidentaux ne frappaient que des deniers en argent.
Enfin, l’augustale est remarquable par sa teneur, qui au-delà de sa valeur, était également un véritable atout géopolitique. Son poids et son titre ont été choisis pour répondre aux règles de l’Orient et de l’Occident. Sa teneur en or fin de 20,5 carats valait aussi bien un hyperpère de Byzance qu’un double dinar arabe, ce qui facilitait les échanges. Cette caractéristique montre bien la volonté que Frédéric II avait de réunir les deux mondes.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, les augustales ont fait l’objet de différentes études, dont celle d’Heinrich Kowalski, en allemand (1976) et en français (1979) qui répertorie et localise tous les exemplaires connus.
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Sources :
1 Pierre Monnet dans L’Histoire mensuel 209, daté d’avril 1997
Daniel Bornemann, « L’augustale de Frédéric II », La Revue de la BNU [En ligne], 1 | 2010, mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 08 août 2023.Wikipédia