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Le trésor de Boscoreale
Boscoreale est une ville italienne, située à quelques kilomètres de Naples et limitrophe de Pompéi. Si cette commune est connue auprès de beaucoup d’historiens de l’art et de numismates, c’est parce qu’elle a donné son nom à un trésor découvert sur ses terres en 1895. Revenons sur l’histoire du trésor de Boscoreale.
L’origine du trésor de Boscoreale
En 1876, Vincenzo de Prisco hérite de sa famille. Il découvre sur ses nouvelles terres les ruines d’une exploitation agricole et décide d’organiser des fouilles dès 1876. C’est seulement 19 ans plus tard, en 1895 que les archéologues mettent la main sur 109 plaques d’or et d’argent, de la vaisselle, des bijoux et environ 1000 aurei en or. Consacrée à la culture de la vigne ou de l’olivier, la villa Pisanella regroupait une maison d’habitation, ainsi que des bâtiments techniques. Le trésor a été trouvé dans un réservoir de stockage de la cave à vin. Les monnaies, entre autres, ont permis de dater la trouvaille. En effet, les aurei en or proviennent de différents règnes de l’empire romain et le plus récent est daté de 78 après J.-C. Le trésor de Boscoreale aurait donc été enfoui au moment de l’éruption du Vésuve en l’an 79.
Le mont Vésuve est resté en activité pendant neuf jours, le temps de recouvrir totalement les anciennes cités de Pompéi et d’Herculanum. Le 24, un gigantesque nuage de cendres se produisit et projeta de la roche en fusion, avant que la lave ne recouvre entièrement l’ensemble des terres autour du Vésuve.
On peut imaginer que le propriétaire de la villa de Boscoreale, Lucius Caecilius Iucundus, fut alerté par les secousses sismiques précédant l’éruption et décida de mettre à l’abri ses objets précieux.
Des objets d’art précieux
Après la découverte, De Prisco monta à Paris avec son ami l’antiquaire Ercole Canessa, pour tenter de vendre le trésor au Musée du Louvre. Ce dernier refusa par manque de moyens. Une partie du trésor fut finalement mise sur le marché et achetée par le baron Rothschild qui en fit cadeau au Musée du Louvre.
Le conservateur en charge du département des Antiquités grecques et romaines de l’époque fait état d’une conservation exceptionnelle des 109 objets entrés dans la collection du Louvre. Trois différents types d’objets en argent sont répertoriés : de la vaisselle, des objets d’apparat et des ustensiles de toilette. Les décors sont empruntés au monde animal et végétal ou à la mythologie. La maîtrise technique du métal est absolue. Quelques œuvres sont majestueuses comme la coupe à emblema, des gobelets aux squelettes ou des coupes de type Skyphos qui montrent la virtuosité des orfèvres romains.
Les aurei aux tons Boscoreale
Concernant les aurei, Adrien Blanchet, président honoraire de la Société Française de Numismatique de l’époque, relatait la découverte dans la Revue Numismatique de 1895, mais aucun inventaire précis n’en a été fait. Le reste des objets a été dispersé sur le marché, dans les musées locaux ou vendu à des collectionneurs privés. Les publications plus tardives comme celle de C. Canessa en 1909 incluent certainement des monnaies provenant d’autres découvertes.
Sans pour autant affirmer avec certitude la provenance du trésor de Boscoreale, leur patine typique permet de les différencier nettement.
Dans les ventes et les catalogues de numismatique, on parle aujourd’hui de la patine “Boscoreale”. En effet, la teinte des aurei en provenance du trésor de Boscoreale est tout à fait spécifique. Les pièces sont rougeâtres, violettes et présentent une décoloration brune. On justifie ce ton par l’éruption volcanique : la chaleur intense au moment de l’éruption, la fumée, puis l’enterrement des monnaies auraient provoqué cette couleur emblématique. Les aurei Boscoreale sont souvent très bien conservés et illustrent le savoir-faire des graveurs impériaux du premier siècle après Jésus-Christ.
Sources :
Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art
Wikipedia
ANS Magazine
Colosseo Collection
CGB
Coin Talk