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Le Trésor du Chameau
Au XVIe siècle, Jacques Cartier commence à explorer le Canada au nom de la France. Au début du XVIIe, le premier fort, que l’on nomme « Québec » est établi et la colonisation commence véritablement sous Louis XIV, lorsque le Canada est déclaré province française. Les liaisons maritimes entre les deux continents deviennent régulières et essentielles à la stratégie économique. L’histoire du trésor du Chameau prend place dans ce cadre historique.
Le Chameau : un navire français face à la tempête
Un bateau militaire
Le Chameau était une flûte militaire de la Marine royale française. Elle a été construite en 1717-1718, à Brest, par le constructeur naval Étienne Hubac. Le bateau était destiné à assurer les liaisons avec le Canada français, sous le règne de Louis XV. Il n’était pas assigné au combat, en ces temps de paix, mais était tout de même équipé d’un armement.
Entre 1718 et 1724, le Chameau effectue chaque année un aller-retour entre la France et le Québec, pour transporter matériel, ravitaillement et passagers.
La dernière traversée du Chameau
En juillet 1725, le navire quitte le port de Rochefort pour la sixième et dernière fois, sous les ordres du capitaine Saint-James. Il transporte marchandises, munitions et argent pour payer les garnisons françaises et les dépenses de la colonie. On évoque plus de 82 000 livres en monnaies d’or et d’argent. La flûte transporte 100 officiers et 216 passagers.
La traversée de l’Atlantique se fait sans encombre, mais c’est proche de la destination, au large de l’île Cap-Breton, que le Chameau fait face à une tempête. Il percute un rocher et chavire. Il coule à quelques lieues de Louisbourg le 26 août 1725 et ne fait aucun survivant. Ce naufrage est une véritable tragédie pour le Canada avec des pertes humaines et matérielles conséquentes. À l’époque, la santé économique du Canada dépendait largement des approvisionnements français.
Le début d’une chasse au trésor
Le lendemain, on identifie facilement le bateau naufragé en retrouvant les débris sur les grèves. Les pillards s’empressent de chercher l’épave et ses trésors. L’intendant Jacques Le Normant de Mézy fait surveiller les lieux et promet le tiers des revenus de la vente à celui qui ramènera l’ensemble des effets. Il écrivit au gouverneur de la Nouvelle-France : « depuis 35 ans que je vais à la mer, je n’ai vu ni entendu parler d’un naufrage si extraordinaire ».
Le trésor du Chameau : la quête d’une vie
Les premières recherches après le naufrage
Le capitaine Pierre de Morpain, un expert en sauvetage de navire, s’entoure de deux plongeurs canadiens, Antoine Fustier surnommé « Sent le vent » et Pierre Poittevin, alias « La tempête » pour partir à la recherche du joyau inestimable. Ils identifient rapidement le lieu précis du naufrage et dressent une carte. Ils tentent plusieurs essais pour récupérer les joyaux, mais les eaux glacées et l’épave éparpillée sur une large zone ne rendent pas le travail facile. Ils essuient échec sur échec. Le temps passa, les troubles de l’histoire aussi et on oublia le trésor du Chameau qui devint une légende.
Les fouilles de l’aventurier Alex Storm
Ce n’est que deux siècles plus tard, que le canadien Alex Storm s’intéresse au trésor du Chameau. À partir de 1961, il se documente, fait des recherches, s’équipe en matériel avec une seule idée en tête : découvrir l’épave oubliée.
Après plusieurs essais infructueux avec l’équipe du bateau l’Orbit, il collabore avec deux de ses compatriotes, David MacEachern et Harvey MacLeod. En 1964, ils obtiennent de la part du gouvernement le « Treasure trove Act » qui leur délivre le droit de chercher le magot pendant trois ans et les oblige à verser 10 % de la valeur de la découverte. Ils établissent entre eux un contrat précis pour délimiter le partage.
Ils cartographient leurs recherches, mais le travail prend plusieurs mois. Les intempéries, l’agitation et la température de la mer rendent le projet difficile. Alex Strom raconte ses aventures et sa quête du trésor du Chameau dans Canada’s Treasure Hunt (1968) : « nous avons passé des heures à trembler devant un petit poêle à l’abri de la timonerie, mais nous avons persévéré ».
Le 19 septembre 1965, les fouilles des fonds marins portent leur fruit. À environ 30 mètres de profondeur, se cachaient des monnaies d’or et d’argent, des bijoux et autres objets précieux dont une croix de l’ordre de Saint-Louis.
Des procès sont intentés contre Alex Storm par ses collaborateurs des premiers jours, mais il est finalement reconnu propriétaire de 75 % du trésor.
La collection du joyau archéologique
Une partie de ce trésor numismatique riche d’histoire est mise en vente par Sotheby’s New-York les 10 et 11 décembre 1971, lors d’une vente aux enchères qui deviendra célèbre. Elle rapporte plus de 200 000 dollars.
Des monnaies d’or et d’argent
Au total, 6 958 pièces d’argent ont passé près de deux siècles et demi dans l’eau salée, des Écus en argent aux 8L du règne de Louis XV. On trouva aussi 494 pièces de Louis d’or Mirliton. Ces dernières ont été frappées en 1723, 1724 et 1725 dans 24 ateliers différents.
Les monnaies d’or sont extrêmement bien conservées, celles en argent sont moins lisibles et soudées entre elles. Il est utile de rappeler ici que l’or est un métal noble qui s’altère beaucoup moins que l’argent. Même si les monnaies conservées dans l’eau de mer sont souvent reconnaissables à leur état (traces de corrosion, patine légèrement mate), certains Louis d’or du trésor du chameau ont conservé un état exceptionnel après avoir séjourné plus de 200 ans en mer…
Les services reconnus de grading NGC et PCGS certifient et gradent ce type de monnaies conservées dans l’eau de mer avec l’inscription “trésor du chameau”. Les gradent sont variables : Saltwater / Cleaned / Grade chiffré.
De plus l’étiquette d’origine de la vente Parke-Bernet Galleries datant de 1971 est une certification supplémentaire attestant le pédigrée.
Retrouvez dans la boutique numismatique, tous les Trésors de collection dont de superbes Louis d’or Mirliton certifiés PCGS en provenance du trésor du Chameau, de quoi faire chavirer votre cœur !
Recensement des Louis d’or mirliton Louis XV du trésor du Chameau | Vente par Sotheby’s New-York en 1971
Voici le tableau de recensement des pièces d’or qui ont été vendues aux enchères de New-York en 1971. Au total 494 pièces, frappées en 1723, 1724 et 1725 dans 24 ateliers de différentes villes de France, ont été répertoriées.
Lettre Atelier | Atelier | 1723 | 1724 | 1725 |
A | Paris | 18 | 7 | |
B | Rouen | 2 | 3 | |
C | Caen | 2 | 5 | |
D | Lyon | 10 | 8 | |
E | Tours | 2 | 6 | |
G | Poitiers | 31 | ||
H | La Rochelle | 17 | 46 | 37 |
I | Limoges | 13 | 2 | |
K | Bordeaux | 18 | 85 | 23 |
L | Bayonne | 10 | 28 | |
M | Toulouse | 5 | 32 | |
N | Montpellier | 3 | 8 | |
O | Riom | 3 | ||
P | Dijon | 1 | ||
Q | Perpignan | 1 | 2 | |
R | Orléans | 2 | 2 | |
T | Nantes | 12 | ||
V | Troyes | 1 | ||
W | Lille | 1 | 3 | |
Y | Bourges | 3 | ||
Z | Grenoble | 2 | ||
& | Aix | 5 | 5 | |
9 | Rennes | 6 | 4 | |
Pau | 6 | 14 |
Recensement des pièces d’argent du trésor du Chameau
Voici le tableau de recensement des pièces d’Écus aux 8L Louis XV.
1724 | 1725 | 1726 |
H | G | H |
K | H | |
T | T | |
I | ||
K | ||
O | ||
T |
Deux divisionnaires pour un autre type sont également recensés : 1/12 d’écu à l’écusson de France 1719 K et 1/6 d’écu de France 1720 A.
Sources :
Wikipedia
Trésor des archives secrètes
Catalogue de vente de 1971
New-York Times