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Le trésor de Vendée
Dans le monde de la numismatique, l’histoire et les rois de France ont une place privilégiée. Bien souvent, ce sont aussi des hommes peu connus du grand public, mais illustres personnages de leur époque, qui ont constitué de grands trésors sans le vouloir. Le comte et militaire Louis-Charles du Chaffault est l’un d’eux. C’est sur ses traces que nous revenons pour comprendre la légende du trésor de Vendée, une des collections de monnaies royales françaises les plus prisées par les collectionneurs.
Le trésor de l’amiral du Chaffault
Une vie de batailles
Louis-Charles du Chaffault de Besné était un officier de la marine au service de la royauté française depuis son plus jeune âge. Né à Nantes en 1708, il est passionné par son métier et lui consacre sa vie. Il navigue tout au long de sa carrière à la poursuite des vaisseaux britanniques de la Royal Navy. Il traverse trois guerres, effectue 29 campagnes et exerce 18 commandements. Nommé Amiral au début de la guerre d’Indépendance des États-Unis, il est l’un de ces grands marins qui redonnent tout son éclat à la Marine de Louis XVI.
En 1778, il commande l’avant-garde de la flotte française lors de la bataille d’Ouessant. 27 navires français mettent en déroute 30 navires anglais. Blessé lors de ce combat, il se retire dans son château de Meslay, à Montaigu. Après 69 années de bons et loyaux services pour le roi, il prend sa retraite en 1790 et touche une pension de 9 000 livres. Il ne cessera, pour autant, jamais de se battre.
Des monnaies enterrées en Vendée
Les terres de Louis-Charles du Chaffault sont situées en Vendée, théâtre de batailles sanglantes entre républicains et royalistes à la révolution. L’amiral participe activement à la défense du roi contre les armées républicaines. En 1793, le château de Meslay est pillé et brûlé, le comte est arrêté et emprisonné dans la maison d’arrêt de Luzançay. Il y passe la dernière année de sa vie et meurt en 1794, à l’âge de 86 ans.
Au vu de la situation en Vendée, du Chaffault avait décidé de cacher et d’enterrer toutes ses richesses avant qu’il ne lui arrive malheur. Si un petit manuscrit, dissimulé dans un livre de messe, attestait de ce fait, personne ne prit vraiment au sérieux ce document jusqu’en 1993.
Le trésor de Vendée
La découverte des pièces d’or
Rodrigue, un jeune homme de 23 ans, se procure un détecteur de métal quelques mois avant le 8 février 1993. Ce matin-là, avec l’accord de ses voisins, le tourneur-fraiseur s’applique à passer au radar les terres du domaine Guyonnière, l’ancien Meslay. L’engin se met à sonner, il creuse et débusque à 60 cm de profondeur une pièce d’or, puis deux, puis trois…
Au total, ce sont 1742 louis d’or et double louis d’or que se partageront le découvreur et les propriétaires terriens. 15 kilos d’or sont découverts mêlés à des clous qui attestent de la présence d’un coffre, détruit avec le temps.
Un trésor de Vendée convoité
Après le partage, ils informent les autorités de la trouvaille. L’expertise confirme que les pièces appartenaient au comte du Chaffault. On leur donne le nom de trésor de Vendée.
Les monnaies d’or sont frappées entre 1728 et 1789, pendant les règnes de Louis XV et Louis XVI. L’ensemble est estimé à 450 000 euros. La majorité des pièces sont de qualité remarquable : les louis d’or sont aujourd’hui reconnaissables à leur état exceptionnel frappés sur un flan dit « miroir ». Ces reflets éclatants sont typiques du trésor de Vendée.
L’inventeur décide de vendre une partie de sa trouvaille aux enchères. La maison Drouot organise la vente du trésor de Vendée les 30 novembre et 1er décembre 1993. Une des descendantes de du Chaffault est alertée et s’oppose à la vente, en vain. 5 ans plus tard, ils sont 77 héritiers à réclamer leur part du trésor de collection et c’est le début de 10 ans d’une guerre judiciaire. En 2004, le verdict final est rendu : le magot revient bien aux découvreurs.
En réalité, en 1824, une première cache avait été découverte dans le reste d’un mur avec une croix de Saint-Louis et l’épée de l’amiral. En 1890, un honnête homme trouve une autre cache avec des monnaies d’or qu’il donne aux autorités, mais les pièces s’évaporent… Les terres de l’amiral n’ont pas dit leur dernier mot et attendent, sans aucun doute, le prochain chanceux.
Retrouvez à la vente sur la boutique des monnaies issues du trésor de Vendée.
Sources :
Catalogue de vente Drouot Richelieu 1993
Ouest France
Archives départementales de Vendée
Wikipédia
L’express