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Le trésor du Nuestra Señora de Atocha

En 1621, le Nuestra Señora de Atocha, un imposant galion espagnol, effectue son premier voyage vers l’Espagne durant lequel il brise son mât. Était-ce l’annonce d’un mauvais présage ? En effet, en 1622, seulement une année après sa mise à l’eau, le galion ne résiste pas à une violente tempête. Il sombre au fond de l’Océan et entraîne avec lui une précieuse cargaison qui deviendra un des plus grands trésors numismatiques de tous les temps, découvert seulement 300 ans plus tard.

Nuestra Señora de Atocha, une escorte militaire

Le Nuestra Señora de Atocha était un navire construit à la Havane, en 1620, pour le compte de l’Empire espagnol. Typique des grands galions du XVIIe siècle, il appartenait à la Flotte des Indes, la marine navale destinée à escorter une centaine de navires marchands et leurs cargaisons, entre les Amériques et l’Espagne.

Le Nuestra Señora de Atocha était donc lourdement armé avec une vingtaine de canons de bronze. Il mesurait 34 mètres de long, 10 mètres de large, et pouvait déplacer 550 tonnes. Un équipage de 180 marins et de 82 soldats d’infanterie était nécessaire pour son bon fonctionnement.

Au moment de son naufrage, il transportait une cargaison considérable : l’inventaire faisait état de 1 038 lingots d’argent, 180 000 pesos en pièces d’argent (des reales), 582 lingots de cuivre, 125 lingots et disques d’or colombien, 350 balles d’indigo, 525 fardes de tabac, ainsi que 600 kilos d’argenterie.

Le naufrage du Señora de Atocha

La 6 septembre 1622

Que s’est-il passé exactement ? Le Señora de Atocha quitte Portobelo le 22 juillet, avec une soute déjà bien remplie de trésors péruviens. Il rejoint le reste de la Flotte des Indes à Carthagène, en Colombie, où il complète sa cargaison. Retardé par divers événements, l’appareillage de la Flotte des Indes espagnole a lieu plus tardivement que prévu, au moment où la saison des ouragans est déjà bien entamée. La flotte, constituée de 28 navires en file indienne, fait d’abord escale à la Havane, avant de larguer les amarres vers l’Espagne le matin du 5 septembre.

Le cortège se dirige vers le nord, en direction de l’archipel des Keys de Floride. Le lendemain, le 6 septembre 1622, un vent violent repousse le convoi vers l’intérieur du Golfe du Mexique. L’Atocha veille et occupe la place d’arrière-garde. Il n’a donc pas le temps d’éviter la tempête et se prend l’ouragan de plein fouet, tout comme huit autres bateaux, dont la Santa Margarita et le Nuestra Señora del Rosario qui sont entraînés au large de Key West. L’Atocha se brise sur un récif et sombre très rapidement.

Les recherches contemporaines du naufrage

Le lendemain, un bateau de passage retrouve cinq hommes accrochés désespérément au mât dépassant encore de l’eau. Ce sont les seuls survivants de l’ensemble de l’équipage.

Marqué par le mât, le site du naufrage est facile à repérer et une entreprise de sauvetage envoyé par l’Espagne, arrive rapidement sur place depuis la Havane. Cependant, les plongeurs ne parviennent pas à descendre en profondeur et n’ont pas les outils nécessaires pour percer la coque. Les Espagnols doivent repartir à la Havane pour chercher un équipement plus adéquat. Entre-temps, un autre ouragan touche la région et achève la destruction de l’épave, abattant notamment le mât subsistant et éparpillant les débris du navire. Les autorités ne parviendront pas à retrouver les restes de l’Atocha.

certificat atocha

Le trésor du Nuestra Señora de Atocha

Le plongeur Mel Fisher

Le trésor du Nuestra Senora de Atocha réapparaît finalement de l’eau plus de 350 ans plus tard, grâce à un homme qui dévoua une partie de sa vie à retrouver l’épave : Mel Fisher.

Né en 1922 dans l’Indiana, Mel Fisher est un véritable aventurier. Enfant, il a déjà soif de découvertes et passe son temps à nager dans les lacs. Il fabrique également des objets comme un casque de plongée ou un radeau pour descendre le Mississipi. Sans grand étonnement, il fait des études d’ingénieur au moment où il est mobilisé en France, au début de la Seconde Guerre mondiale. À son retour, il s’installe en Floride et ouvre un magasin de plongée.

Dans les années 50, la ruée vers l’or ouvre des perspectives et donne des idées à Mel Fisher. Il est fasciné par la découverte de l’or et des trésors en général. Un jour, une rencontre avec quelques plongeurs chasseurs de trésor est décisive. Ils viennent de mettre la main sur des pièces de monnaie dans une épave, au large de Miami. Mel est conquis. En 1962, il fonde avec cinq autres plongeurs les Treasure Salvors ou Sauveteurs de Trésors, et se lance dans des expéditions dans les eaux du Pacifique.

C’est durant cette période qu’il invente la mail box. Un énorme souffleur qui permet de dégager le sable des profondeurs pour faire apparaître les objets jonchés dans les profondeurs. Cette machine lui donne rapidement des résultats.

Nuestra-Señora-de-Atocha

À la découverte du trésor de l’Atocha

Confiant, Mel Fisher décide de se concentrer sur la recherche du Nuestra Señora de Atocha. Il se concentre alors sur une zone très étendue de l’archipel des Keys. Il loue une concession maritime à l’État de Floride, qui prévoit de laisser 75% de la valeur des trouvailles aux inventeurs et de remporter uniquement les 25% restants.

Fisher cherche, en réalité, au mauvais endroit jusqu’à ce qu’il bénéficie des recherches de l’historien Eugène Lyon. Ce dernier arrive à définir une localisation plus précise du naufrage, grâce aux archives de Séville.

Cinq ans plus tard, Fisher trouve le premier objet attestant de la provenance de l’Atocha. Seulement le trésor est disséminé sur plus de 18 kilomètres. Il trouve des pièces par-ci par-là, mais n’arrive pas à mettre la main sur l’épave.

La quête du trésor de l’Atocha connaît une avancée majeure en 1973, lorsque trois lingots d’argent numérotés sont trouvés, puis en juillet 1975, lorsque le fils de Mel, Dirk Fisher, débusque les cinq canons de bronze du navire. Seulement l’euphorie laisse rapidement place à l’horreur. Une semaine après cette découverte, Dirk et son épouse périssent dans un accident avec leur embarcation.

En deuil, la famille Fisher continue les recherches pour rendre justice à Dirk. En 1980, une partie du Santa Margarita est retrouvée avec sa cargaison. L’Atocha n’est clairement pas loin. Il faudra encore patienter cinq ans avant que le second fils de Mel, Kane, découvre enfin le site principal du naufrage de l’Atocha, en juillet 1985 !

Au total, 47 tonnes d’argent seront remontées à la surface, ainsi que des mythiques pièces de huit reales, frappées à Potosi et à Mexico. Les monnaies de l’Atocha furent ultérieurement catégorisées en 5 grades, selon leur état de conservation dû au long séjour dans l’eau salée.

S’ensuivra une longue procédure juridique. Vu la grandeur du butin, la Floride exige que le butin soit remis à l’État. La Cour suprême finit par trancher : les Fisher obtiennent l’exclusivité du trésor.

L’épave demeure à ce jour le plus grand trésor jamais retrouvé en mer, estimé à 450 millions de dollars. Le trésor de Nuestra Senora de Atocha ne cesse d’émerveiller le monde de la numismatique. Une partie du trésor du célèbre Nuestra Senora de Atocha a d’ailleurs été vendue aux enchères en 2015, pour marquer le 30e anniversaire de sa découverte. D’autres pièces de la collection de Mel Fisher sont présentées dans des musées américains.

Vous trouverez régulièrement des pièces de ce naufrage en vente sur notre boutique en ligne.

Sources :
Le figaro
Slate
Hypothèse
Le blog des chercheurs de trésors
Le blog Les Etats-Unis d’Amérique
Wikipedia

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