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Exposition Monnaies & Merveilles à la Monnaie de Paris
La Monnaie de Paris a présenté, du 12 mai au 25 septembre 2022, une exposition inédite intitulée Monnaies & Merveilles. Pensé comme un « gigantesque cabinet de curiosités », le parcours faisait voyager à travers le monde, en découvrant plus de 200 objets, tous plus intrigants les uns que les autres. Se plonger dans cette exposition est l’occasion de découvrir que l’objet d’échange est bel et bien universel et que la pièce de monnaie, telle qu’on la connaît, est loin d’être son unique forme. En tant que site expert de la numismatique, nous nous devions de vous parler de Monnaies & Merveilles.
Exposition monnaies et merveilles : la monnaie autrement
Pas étonnant que Bérénice Geoffroy-Schneiter, la commissaire de l’exposition, soit spécialiste des bijoux du monde, car les objets présentés ici sont à la frontière entre la monnaie, l’œuvre d’art et l’objet d’apparat.
Et quel autre lieu que la Monnaie de Paris se devait d’accueillir l’exposition Monnaies & Merveilles ? Comme le rappelle Dominique Antérion, chargé des collections du musée, c’est Alfred de Foville, directeur de l’institution à la fin du XIXe siècle, qui commença à s’intéresser aux monnaies du monde. Jugeant les collections trop centrées sur l’occident, il entama la collecte de monnaies extra-européennes. Depuis, le musée possède des objets d’échanges de toute sorte et de tout horizon.
Monnaies & Merveilles rassemble plus de 200 pièces, en provenance de l’institution, mais aussi de prêts de collectionneurs privés et de musées, comme le Quai Branly-Jacques Chirac, le musée national des arts asiatique-Guimet, le musée des Confluences à Lyon ou encore le Mucem de Marseille.
Bérénice Geoffroy-Schneiter a conçu cette exposition comme un cabinet des merveilles, pour éblouir le visiteur et l’interroger sur son rapport affectif à la monnaie. Elle révèle « les pratiques et les croyances attachées aux usages monétaires à travers le monde » et met en lumière la monnaie dans toute sa dimension symbolique et rituelle, au-delà de son pouvoir matériel.
Un voyage au cœur des civilisations
L’exposition Monnaies & Merveilles vous emmène à travers les cinq continents, au cœur d’un voyage sensible dans les usages et les rituels monétaires. Or, argent, plumes, tissus, perles, etc., les transactions commerciales sont matérialisées sous de multiples formes, pour finir, au-delà de l’échange, par exprimer le rang, le prestige et la richesse. En effet, si la monnaie est un outil utile pour réaliser un échange, elle est aussi un objet de sociabilité qui a une signification propre à chaque culture. Les matériaux, les formes et les couleurs ont, en réalité, une symbolique riche de sens.
Dans les salles scénographiées par Pascal Rodriguez, les couleurs et le parcours invitaient à déambuler et à se laisser aller dans une promenade onirique et poétique. Au fil des époques et à travers les frontières, le pouvoir de séduction de ces objets saisit : parures, tissus, sculptures, bijoux, instruments de musique, etc.
L’exposition s’organisait en cinq espaces qui mettaient en valeur les objets sous un prisme différent :
- la puissance hypnotique du métal ;
- les perles, plumes et coquillages : un néo-cabinet de curiosités ;
- la féerie textile : au fil des dons et contre-dons ;
- entre pouvoir et séduction : quand la monnaie se fait parure ;
- dialoguer avec l’invisible : croyances populaires et superstitions.
Des monnaies du monde
Nous avons choisi de mettre en avant quelques-unes des pièces exposées dans ces espaces. Et si l’exposition est aujourd’hui terminée, vous pouvez toujours la visiter virtuellement et vous procurer son catalogue sur le site de la Monnaie de Paris.
Monnaie Ngindza
Cet objet africain s’apparente à un couteau de jet, une arme à lames multiples destinée à être lancée sur la proie. En réalité, cette feuille de fer martelée, trop légère et non-tranchante, est une monnaie du peuple Yakoma de République Centrafricaine. Les objets d’échange ngindza étaient principalement utilisés lors des mariages.
Monnaie Rai
Cette pierre d’aragonite est une monnaie de l’Île Yap en Micronésie. Sa valeur dépendait de son transport, car la carrière de cette pierre se situait sur une autre île dans l’archipel de Palaos. Transportées par bateau, les pierres blanches étaient ensuite taillées en disque pour symboliser la lune. Ces monnaies rai servaient pour acheter des produits agricoles, des terres ou encore des canoës. Elles étaient aussi exposées pendant les cérémonies rituelles sur des pieux de bois.
Monnaie de mariage Tevau
Cette monnaie des îles Salomon date de la fin du XIXe siècle. Elle a été réalisée avec des plumes de l’oiseau rouge myzomela cardinalis. La valeur de ce rouleau dépendait de sa taille et de la qualité des plumes. Ce magnifique objet était le privilège de quelques rares familles qui se transmettaient leur savoir-faire de génération en génération. En effet, l’exposition Monnaies & Merveilles est aussi l’occasion de valoriser la dextérité et la virtuosité de ces hommes et de ces femmes. Cette monnaie de mariage était l’occasion de montrer le statut de leurs propriétaires, elle servait également à acheter des marchandises précieuses comme des cochons et des pirogues.
Monnaie Mitako
La ville anglaise de Birmingham exporta des bracelets de laiton en Afrique au XIXe siècle. Les objets devinrent rapidement une monnaie d’échange pour toute une population africaine, qui vivait proche du fleuve Zaïre. Leurs différentes tailles permettaient de leur attribuer des valeurs. Rassemblés le plus souvent en paquets ou en chaînes, ces mitako s’échangeaient contre de l’ivoire ou du caoutchouc.
Gilet d’apparat d’un costume de janissaire
Un janissaire était un corps d’élite de l’armée ottomane qui portait un vêtement décoré de pièces de monnaie. Le gilet exposé ici est composé de seize rangées de chaînettes et de cinq drachmes grecques. Le revers est quant à lui orné d’objets métalliques, de pierres rouges et de chaînettes de pièces de monnaie, dont une drachme de 1926, avec la tête d’Athéna.
Billets pour l’éternité
En provenance de Chine, ces billets pour l’éternité imitent des vrais billets de banque. Encore d’usage aujourd’hui, leur rôle est d’accompagner les morts dans leur passage vers l’au-delà, pour qu’ils n’y manquent de rien. Ces billets funéraires n’ont donc évidemment pas de cours légal et obéissent à des préoccupations exclusivement rituelles. Des boutiques spécialisées les vendent par liasse de 50 à 150 billets. L’avers est à l’effigie de l’empereur de Jade, le souverain régnant sur le Paradis dans le taoïsme. Sur le revers, c’est la banque des Enfers qui est représentée.
Tout ces objets superbes invitent au voyage et à la découverte d’autres civilisations et nous montrent que la monnaie d’échange est bel et bien une préoccupation universelle.
Pour continuer à rêver, nous vous invitons à déambuler sur notre boutique en ligne.
Sources :
Monnaie de Paris
Paris Secret
Connaissance des arts
Milk Magazine