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Le naufrage du navire De Liefde

La Compagnie néerlandaise des Indes orientales (en ancien néerlandais : Vereenigde Oostindische Compagnie ou VOC) possédait trois navires nommés De Liefde (L’amour). Les deux premiers s’étaient déjà perdus dans les océans, au Japon en 1600 et à Baios de Padua en 1668. Le troisième navire marchand De Liefde a été construit en 1698, à Amsterdam. D’une longueur de 50 mètres et de 13 mètres de large, le bateau faisait environ 2 tonnes. Il en était à son quatrième voyage, avec pour but Batavia, lorsqu’il fit naufrage au début de son périple, le 3 novembre 1711, après avoir heurté un récif à Moi Ness.

Le naufrage du De Liefde

Commandé par le capitaine Barent Muijkens, avec un équipage de 300 personnes, dont une centaine de soldats, DeLiefde quitte Amsterdam à la fin du mois d’octobre de l’année 1711. Il passe par Texel, où il prend en charge la majeure partie de sa lourde cargaison. Il était armé de 32 canons et transportait des pièces d’or et d’argent d’une valeur estimée à 227 000 florins. On parle de 1 800 ducats d’or et d’argent.

Le 3 novembre, le bateau marchand hollandais navigue avec d’autres navires pour former un convoi remontant la mer du Nord. Cette route était plus longue, mais plus facile à emprunter que la Manche, en raison des vents d’hiver et de la présence d’ennemis nombreux. En 1711, c’est la guerre de Succession d’Espagne et les navires hollandais se font systématiquement arrêtés dans la Manche par les corsaires français. Le convoi néerlandais devait donc contourner ce blocus. Il évita les pirates, mais pas la mauvaise météo et affronta une violente tempête. Au moins sept navires furent engloutis par la mer ce jour-là.

Les circonstances du naufrage du De Liefde restent floues. Sur les 300 passagers, un seul a survécu. Ce seul survivant était le guetteur stationné à l’avant qui, lorsque le navire a heurté la terre, aurait été projeté sur les falaises. Cet homme, dont le nom n’est plus connu, a logé dans une famille locale pendant environ un an avant d’être ramené chez lui.

La nouvelle de la catastrophe est parvenue à la Cour d’administration de la VOC, grâce à une dépêche en provenance de Lerwick. La Chambre d’Amsterdam rapporte : « des lettres que nous avons reçues de Laarwijk (Lerwick) à Hitland (Shetland) les 17 et 29 décembre derniers, nous avons appris que les navires de la Compagnie partis de Texel le 3 novembre ont rencontré une violente tempête au large de Hitland, suite à laquelle l’un d’eux, De Liefde, a fait naufrage en naviguant sur un récif nommé Mioni (Mio Ness) ».

À la recherche du trésor De Liefde

Un site archéologique écossais

Une première tentative a été faite rapidement pour récupérer la cargaison. Le VOC envoya deux petites embarcations de sauvetage, l’Arent et la Loutre, mais elles ne rencontrèrent qu’un succès limité.

Même si les rumeurs locales affirment qu’une grande partie du trésor a été récupérée par les insulaires après le naufrage du De Liefde, pendant près de 300 ans, les tentatives se sont multipliées pour sauver le trésor du De Liefde.

Le site archéologique se situe au large des îles des Skerries extérieures, dans cet archipel de la mer du nord, à l’est des Shetland, qui appartient à l’Ecosse. Deux emplacements sont retenus aujourd’hui pour l’épave du De Liefde. Celui que l’on nomme le site côtier, connu depuis 1964 et un deuxième lieu découvert en 1973, à proximité, dans des eaux plus profondes, dont l’emplacement exact n’a jamais été déterminé.

De nombreuses explorations

Dans les années 2000, l’archéologie de Wessex a été mandatée par Historic Scotland pour étudier l’épave du De Liefde. L’exploration scientifique a eu lieu en août 2005, mais les vents violents ont empêché de mener à bien les plongées. Cette mission a cependant permis de revenir sur 300 ans de recherches et d’explorations pour découvrir le trésor du naufrage du De Liefde.

Voici quelques dates essentielles :

  • Au début du XVIIIe siècle, Jacob Rowe de Londres, suivi par le capitaine William Irvine mènent des opérations de plongée sur le site De Liefde sous contrat avec le VOC. Ils utilisent les premiers moteurs de plongée. On ne sait pas exactement ce qui a été retrouvé au cours de cette première période ;
  • Au début du XIXe siècle, des tempêtes ont pour conséquence de ramener des pièces de monnaie sur les rochers de Mio Ness, récupérées par les locaux. Ces phénomènes n’éloignent jamais vraiment la légende du trésor du De Liefde ;
  • En 1964, le De Liefde est redécouvert au large des îles britanniques. L’épave s’avère dispersée. Au cours de l’été, des plongeurs de la Royal Naval du HMS Shoulton ont localisé un canon en fonte sur le site et une quantité inconnue de ducatons d’argent.
  • En 1965, les frères John et Peter Bannon organisent une expédition de sauvetage sur le site côtier. La plongée dure quatre jours et environ 70 pièces sont récupérées. Des plans sont ensuite élaborés pour mener une opération de récupération plus étendue l’année suivante. Une excavation à grande échelle est menée. Les opérations sont dirigées par le lieutenant Alan Bax. Il découvre, avec une petite équipe de plongeurs, des pièces d’argent sous les rochers à moins de 50 pieds de profondeur. La plupart des pièces sont des ducatons en argent frappés aux Pays-Bas au début des années 1700 et avant. Quatre pièces d’or de la même période ont également été récupérées.
  • 1967 Les frères Bannon forment une société anonyme enregistrée sous le nom de Scientific Survey and Location Ltd (SSL). Ils obtiennent l’accord du gouvernement néerlandais pour récupérer un pourcentage des éléments trouvés sur le site côtier du De Liefde. Ils découvrent des artefacts et un coffre intact rempli de monnaies d’argent. Ils récupèrent au total 4 320 pièces d’argent et quelques ducats d’or.
  • En 1969, une vente aux enchères de 332 lots de pièces de monnaie (ducats, ducatons et demi ducatons) est réalisée par Glendining and Co. London.
  • En 1973, les membres de l’équipe de plongée de l’Université d’Aston, travaillent sur l’épave découverte en 1971 d’un autre navire de la VOC, le Kennemerland. Ils découvrent par hasard une autre épave qu’ils pensent être une partie de l’épave du Liefde, dans des eaux plus profondes au large du site côtier. On parle du second site offshore.
  • Entre 1974 et 1976, Richard Price et Keith Muckleroy plongent sur le site côtier du De Liefde. Ils récupèrent peu d’artefacts, mais 1 600 pièces d’argent, principalement des ducatons des Provinces-Unies et des Pays-Bas espagnols et 12 pièces d’or. La SSL intente une action en justice contre eux pour garder les droits exclusifs sur le site du De Liefde. Le jugement est prononcé en 1981 et autorise Richard Price à explorer les fonds marins. Il ne cessa jamais ses opérations de sauvetage.

Toutes ces explorations et recherches auront contribué à en connaître davantage sur l’histoire du De Liefde et à révéler au monde numismatique un trésor de collection de monnaies hollandaises d’exception.

Source :
Étude de la Wessex Archéologie
Wikipedia

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