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Le Naufrage et trésor du Consolacion

C’est seulement dans les annĂ©es 90 que l’on retrouve les traces du trĂ©sor du Santa Maria de la Consolacion, un bateau espagnol qui avait fait naufrage au XVIIe siĂšcle, au large de l’Équateur. Pendant plus de 300 ans, des milliers de piĂšces d’argent sont restĂ©es au fond de l’eau. Elles sont dĂ©sormais collectionnĂ©es par les numismates fĂ©rus de piĂšces espagnoles. Retour sur le naufrage du Consolacion et son trĂ©sor lĂ©gendaire.

La trouvaille du trésor du Santa Maria de la Consolacion

En 1998, deux frĂšres se promĂšnent sur la plage de l’üle Santa Clara. L’un d’eux glisse dans sa poche deux pierres plates noires inhabituelles qu’il dĂ©couvre sur le sable. Peu de temps aprĂšs, ils se rendent compte que ce sont, en rĂ©alitĂ©, des « piĂšces de huit Â» en provenance d’un trĂ©sor de mer. D’oĂč viennent ces monnaies en argent ? Comment sont-elles arrivĂ©es lĂ  ?

L’üle Santa Clara se trouve dans la baie de Guayaquil, au large de l’Équateur. On la surnomme « l’Isla del Muerto Â» en espagnol, car elle s’apparente au corps d’un homme mort recouvert d’un linceul. Cette appellation macabre fut, sans doute, Ă  l’origine de la lĂ©gende du trĂ©sor espagnol.

La dĂ©couverte des hommes intĂ©resse particuliĂšrement l’Equatorien Roberto Aguire, riche propriĂ©taire d’une pĂȘcherie de thon, numismate en devenir. Il crĂ©e la sociĂ©tĂ© Robcar pour mener Ă  bien l’investigation autour du trĂ©sor. Il met deux annĂ©es avant d’obtenir l’autorisation du gouvernement Ă©quatorien d’entamer sauvetage et expĂ©ditions. Tandis que les plongeurs remontent des milliers de piĂšces, Roberto Aguire embauche JoĂ«l Ruth pour identifier le galion. Proviendrait-il du naufrage du Santa Maria de la Consolacion ?

JoĂ«l Ruth est archĂ©ologue marin, historien et spĂ©cialiste des piĂšces de monnaies espagnoles. Dans un premier temps, il identifie l’épave comme Ă©tant celle du Santa Cruz qui coula en 1680 dans la zone. Puis, de nouveaux indices le mettent sur la voie, des cartes avec des annotations et une analyse au carbone 14 de bois brĂ»lĂ©s trouvĂ©s dans l’eau. Ruth se rend sur l’épave de la Consolacion. AprĂšs 20 jours d’efforts, des objets permettent de confirmer la datation du navire entre 1649 et 1680. Il n’y a plus de doute, le bateau Ă©chouĂ© de l’üle Santa Clara n’est autre que le Santa Maria de la Consolacion.

Cette trouvaille est prĂ©cieuse, car le manifeste du bateau, conservĂ© aux Archives GĂ©nĂ©rales des Indes de SĂ©ville, rĂ©pertorie l’ensemble de la cargaison qu’il transportait avant de couler. Nous savons dĂ©sormais que le chargement Ă©tait constituĂ© de 146 000 pesos en argent et de lingots d’or et d’argent.

Le naufrage du Consolacion

Une histoire légendaire ?

Comment le Santa Maria de la Consolacion s’est-il retrouvĂ© au fond de l’OcĂ©an ? Au XVIIe siĂšcle, les royaumes du Portugal et d’Espagne se partagent les colonies. Les autres puissances maritimes ne voient pas cela d’un trĂšs bon Ɠil et les pirates engagĂ©s par d’autres nations naviguent et sĂ©vissent dans les eaux troubles. En AmĂ©rique du Sud en particulier, le trafic maritime est riche et intense. Les navires transportent l’argent et l’or des mines de Bolivie jusqu’au Panama, avant d’ĂȘtre envoyĂ©s en Europe.

bateau pirate trésor consolacion
©pixabay

Le Consolacion Ă©tait l’un d’eux. Galion armĂ© de 24 canons et composĂ© de 350 marins, il quitta le port de Lima, en avril, en direction du nord. La lĂ©gende raconte qu’il croisa sur sa route le Trinity, le bateau du pirate Bartholomew Sharp. Ce dernier le pourchassa. Pris de panique, le commandant du Consolacion heurta l’üle Santa Clara. L’équipage mit le feu au bateau avant qu’il ne coule pour que les pirates ne puissent pas voler la marchandise. Il fut ensuite massacrĂ© par les boucaniers.

Un trésor énigmatique

Cependant, cette histoire n’est autre qu’une lĂ©gende qui a entretenu le mythe pendant des dĂ©cennies. En 2019, Benerson Little, un Ă©crivain et historien amĂ©ricain, rĂ©tablit la vĂ©ritĂ©. Pour le spĂ©cialiste de la piraterie du XVIIe siĂšcle, l’anglais Sharp n’est pas l’homme responsable du naufrage de la Consolacion. AprĂšs avoir volĂ© le bateau Trinidad au Panama, dĂ©but 1680 et l’avoir rebaptisĂ© Trinity, le corsaire navigue dans les mers d’AmĂ©rique du sud avec des membres d’équipage lettrĂ©s. Le voyage de Sharp est, en fait, extrĂȘmement documentĂ© grĂące Ă  ses journaux de bord.

Basil Ringrose, boucanier sur le Trinity, Ă©crivait en 1684 dans son rĂ©cit d’aventure Bucaniers of America les dire de Francisco, un pilote capturĂ© : « un certain navire qui venait de Lima Ă  destination de Guayaquil a Ă©chouĂ© Ă  Santa Clara, y perdant en argent la valeur de 100 000 piĂšces de huit Â». Il n’y aucun doute, les deux bateaux ne se sont jamais croisĂ©s.

Il semblerait que le Santa Maria de la ConsolaciĂłn percutĂąt seul l’üle Santa Clara. Le mystĂšre reste cependant entier. Comment le Consolacion s’est-il Ă©chouĂ© ? Pour quelle raison le bateau a-t-il Ă©tĂ© brĂ»lĂ© ? Pourquoi le trĂ©sor n’a-t-il pas Ă©tĂ© cherchĂ© avant les annĂ©es 90 ?

Sources :
Forum Numista
Blog Benerson Little
Article El Universo
Site Ocean Treasures

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