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Le trésor de la maison Crichel

Un simple jeu d’argent entre deux Anglais, dans la superbe maison anglaise de Crichel, en 1890, se transforma finalement en légende numismatique. Un pari de 5 livres déboucha, plus de 120 ans plus tard, sur une vente aux enchères exceptionnelle : une collection de farthings victoriens dans un état non circulé.

Le pari de la goutte d’eau devenu trésor de collection

Un jour de pluie de l’année 1890, deux amis aristocrates s’ennuient dans la propriété de l’un d’eux, la Maison Crichel. Assis près d’une fenêtre de la magnifique villa, ils décident de parier 5 livres sur une goutte de pluie. Celui dont la goutte arrive la première en bas de la vitre remporte la mise. Afin de s’acquitter de sa dette, le perdant est allé retirer à la banque 4 800 farthing pour les donner au propriétaire, M. Allington. Il voulait honorer sa dette dignement en offrant des pièces neuves, mais il choisit de lui donner les cinq livres avec les plus petites monnaies possibles. L’histoire ne raconte pas si ce fut par contrariété ou par badinage.

Plus d’un siècle plus tard, les pièces ont été retrouvées dans une boîte de la Maison Crichel au moment de vendre la superbe propriété en 2013. La demeure de style néoclassique, située à Dorset, en Angleterre, fut d’ailleurs le décor du film Jane Austen avec Gwyneth Paltrow en 1996. La maison Crichel appartenait à la même famille depuis 300 ans, jusqu’à la mort de Mary Marten, descendante du baron Allington. Ses six enfants décident alors de vendre la propriété, ainsi que les pièces du pari retrouvées en parfait état. Jamais utilisés, les farthings victoriens étaient encore recouverts d’un délicat tissu.

La maison crichel : un trésor de farthings victoriens

Le farthing a été détourné du mot original le fourthling qui se traduit en français par le « petit quart ». C’est en effet, une petite pièce de monnaie anglaise qui valait le quart de penny. Cela représente aujourd’hui 1/960e de livres sterling.

Ces pièces sont nées au XIIIe siècle, elles étaient en argent puis en cuivre, à partir de 1613. Elles ont été frappées jusqu’en 1956, puis retirées de la circulation le dernier jour de l’année 1960. Les farthings portaient sur le revers les portraits des rois successifs, de George VI à Elizabeth II. Les avers, quant à eux, étaient décorés d’un troglodyte mignon, un oiseau d’Angleterre, puis d’un britannia. Les farthings du trésor de la maison Crichel sont des pièces de 1890, à l’effigie de la reine Victoria sur le revers donc et avec le Britannia sur l’avers.

Un pari fructueux

Le pari de 5 livres rapporta finalement 63 440 livres aux héritiers du trésor de la maison Crichel. Ce sont 2 794 farthings victoriens qui ont été vendus par la maison de ventes aux enchères Wooley & Wallis. Toutes les pièces frappées l’année du pari en 1890 sont en parfait état non circulé.

La cache de pièces de bronze inutilisées, enveloppées dans du papier de soie, représente deux livres, 18 shillings, un penny et deux farthings, l’équivalent de 220 livres actuels.

Après une investigation, le trésor avait été estimé entre 14 000 et 18 000 livres, ce qui suscita l’intérêt des numismates. En réalité, la vente, qui a lieu à St. James à Londres, a donc rapporté 63 440 livres. Le prix de vente signifie que chaque pièce vaut près de 23 livres, environ 22 000 fois sa valeur d’origine. L’heureux acheteur était un collectionneur de pièces de monnaie britannique.

Si Lucy Chalmers, la commissaire-priseuse de Woolley et Wallis, admet que les farthings sont répandus, elle insiste sur la rareté de la collection de la maison Crichel. En effet, c’est la quantité du nombre de farthings à l’état neuf et datés de la même année qui fait la richesse de cette collection. L’autre élément important est bien sûr l’histoire et son lieu de provenance qui fait de ce trésor une exception. Le pari est devenu une légende familiale transmise de génération en génération.

Sources :
Daily Mail
The Times

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